L’impact de notre Posture sur nos émotions et sur notre capacité d’adaptation.
Nous avons vu au travers d’un précédent article intitulé « la Posture, la voie cachée du changement », que si nos états émotionnels impactaient notre posture (on a les épaules voutées lorsque l’on est triste), il en est de même dans l’autre sens … si l’on modifie sa posture, on modifie nos émotions.
Notre capacité à nous adapter au monde qui nous entoure, et donc la vision que nous en aurons, dépend donc de la posture que nous décidons d’avoir.
Cependant, tout cela est possible à condition que notre corps nous le permette.
Je peux décider de modifier mon schéma postural afin de modifier la façon que j’aurai de me propulser dans la vie, à condition de faire en sorte que physiologiquement je puisse le faire, que mes capteurs posturaux me le permettent.
Mais … qu’est-ce qu’un capteur postural ?
Un capteur postural est une partie de notre corps qui de par son positionnement, ses contraintes, va amener la posture de notre corps à se modifier. Nous parlerons donc de Posturologie.
Comment cela fonctionne t’il ?
L’être humain est un bipède. La seule espèce animale vivant sur cette planète réellement bipède. Cela veut dire que pour vivre debout, sur nos deux pieds, nous devons lutter contre la gravité et rechercher continuellement notre équilibre. Cela est d’autant plus important que nous passons notre temps à nous déplacer, à transférer le poids de notre corps d’un pied à un autre et donc à être en position unipodale qui génèrera encore plus de déséquilibre.
Afin de conserver notre verticalité, nous passerons notre temps à nous adapter à notre environnement en fonction des signaux extérieurs que nous recevons par le biais de ces capteurs sensoriels. Ces signaux seront transmis au cerveau qui adaptera notre posture en adressant des messages aux différentes parties de notre corps afin que celui-ci s’adapte au fur et à mesure des nouvelles contraintes.
Si ces capteurs posturaux sont perturbés, si les informations ne sont pas traitées correctement, notre posture s’en retrouvera modifiée, inadéquate, ce qui pourra générer, outre les dysfonctionnements et les douleurs de notre organisme, une modification de nos représentations internes.
Autrement dit, un corps qui interprète mal son environnement pourra envoyer des signaux erronés, trompeurs, au cerveau.
Pour les Posturologues, les capteurs principaux sont au nombre de trois.
- Nos pieds,
- Nos yeux (vision),
- Notre occlusion, c’est à dire l’équilibre de notre mâchoire et le contact de nos dents.
Nos trois capteurs posturaux sont donc dans l’ordre, nos pieds, nos yeux et notre occlusion dentaire par le biais de notre mâchoire.
Ces trois capteurs sont fondamentaux dans l’équilibre mécanique de notre corps et dans la gestion de nos douleurs, de nos pathologies. Mais ils ont aussi un rôle très important dans la gestion de notre mental et de nos émotions en modifiant la posture que nous avons.
Si nos trois capteurs sont équilibrés, nous nous adaptons parfaitement à notre environnement.
Il en est de même si un seul de ces capteurs se retrouve perturbé.
Par contre, si nous commençons à devoir adapter deux capteurs perturbés (voire les trois dans certains cas), alors la situation se complique parce que notre corps aura, non seulement, du mal à s’équilibrer mais notre construction émotionnelle s’en retrouvera perturbée.
1/ Les pieds.
Nous vivons et nous déplaçons sur nos pieds.
Etant « campés » sur nos deux pieds, ou sur un seul lorsque nous sommes en mouvement, il semble donc logique qu’ils aient le premier rôle dans le film de notre posture. Si nous modifions donc leur posture, leurs appuis, leur physiologie, il est normal que l’adaptation de notre corps s’en retrouve perturbée.
Il existe presqu’autant de pieds qu’il y a d’êtres sur la planète. Un peu comme les empreintes digitales, nous avons tous une empreinte podale qui nous est propre. Mais contrairement à l’empreinte digitale qui est immuable, l’empreinte de nos pieds peut, quant à elle, se modifier soit en fonction de notre vécu (traumatologique, chirurgical ou émotionnel), soit en fonction de vecteurs externes tels que les semelles orthopédiques très utilisées en Podologie ou en Posturologie.
Il est rare de trouver des pieds parfaitement équilibrés. Les empreintes de ceux-ci prises sur des podoscopes mettent très souvent en évidence soit des pieds creux, soit des pieds plats, soit des pieds asymétriques avec des appuis irréguliers.
Ces appuis irréguliers sont la signature d’un trouble adapté.
Les troubles les plus connus et les plus recherchés sont bien sur les pieds creux et les pieds plats, mais il existe aussi de nombreux déséquilibres dus à des inflammations locales (cor, ongles incarnés) ou tout simplement à de mauvais chaussages.
Ces déséquilibres podaux entraineront des schémas posturaux antérieurs ou postérieurs (extravertis ou introvertis) impactant donc nos états émotionnels
2/ L’œil.
Les yeux déterminent notre équilibre et l’oreille interne ne pourra jouer son rôle que lorsque nos yeux seront fermés.
Ils ont, anatomiquement parlant, un axe divergent de quelques degrés. C’est à dire que si nous laissions l’anatomie telle quelle, notre œil gauche regarderait à gauche et le droit regarderait à droite. Afin de rééquilibrer cette divergence naturelle, nous avons des muscles oculaires internes plus puissants que les muscles externes. Cela nous permet de pouvoir converger et d’avoir une image unique et claire dans notre cerveau.
Une partie d’entre nous, environ la moitié, a subi des chocs mécaniques sur le crâne.
Ces chocs génèreront une onde vibratoire qui se répercutera au niveau de ces muscles droits externes (soit à droite, soit à gauche en fonction du choc) ayant pour conséquence de créer un spasme musculaire.
Ce spasme génèrera un défaut de convergence de l’œil touché. Sans même s’en rendre compte, ces personnes auront du mal à converger avec un œil, induisant un schéma de torsion général qui impactera leur posture.
De plus en plus de personnes utilisant les ordinateurs de nos jours auront tendance en fixant leur écran à s’adapter, à s’enrouler autour de ce point fixe qu’est leur regard, leur vision, leurs yeux. Elles fixeront ainsi sans même s’en apercevoir leur schéma de torsion.
Mais il n’y a pas que ce déséquilibre qui peut influer sur notre posture.
Cas particulier des lunettes.
De plus en plus indispensables de par l’utilisation grandissante des ordinateurs et des smartphones. Celles-ci ne sont pas toujours bien adaptées à notre morphologie de fait d’un mauvais entretien ou de mauvais réglages. Celles-ci deviennent donc une contrainte obligeant son porteur à compenser sans s’en rendre compte, créant là encore des contraintes cervicales.
Nous le voyons donc, l’œil comme le pied seront générateurs de schémas d’adaptation liés à des déséquilibres passant très souvent, trop souvent inaperçus.
3/ La mâchoire (l’occlusion dentaire).
Il s’agit de l’équilibre des contacts dento-dentaires entre les maxillaires supérieur et inférieur et donc de la bonne intégrité des appuis entre les dents du haut et celles du bas.
Le corps médical à conscience, depuis ces dernières années, de l’impact de ce contact tant sur notre posture que sur la mise en place de certaines pathologies.
La gestion de la performance de bon nombre d’athlètes passe maintenant par la gestion de leur occlusion. Il est très fréquent de voir des basketteurs professionnels, des skieurs, des patineurs sur boucle (et bien d’autres encore) travailler avec des gouttières en bouche. Celles-ci, en modifiant la pression sur certaines dents, permettront de stimuler certaines chaînes musculaires et ainsi donc d’optimiser la performance de ces athlètes, tant physique que mentale.
Cela prouve à la fois l’impact de notre occlusion sur notre posture et notre force musculaire et l’importance que cette approche a prise dans l’optimisation de nos capacités. Ceci dit, si une modification de cette occlusion peut optimiser la performance, à l’inverse, de mauvais appuis réalisés sur de mauvaises zones dentaires ou encore un manque d’appui peut générer une baisse de nos capacités, une mauvaise adaptation et donc peut avoir un impact sur notre mental.
Nous sommes très souvent habitués à mâcher préférentiellement d’un seul côté. Cette habitude impacte très nettement notre posture et notre capacité d’adaptation.
Ce sont les muscles de la mâchoire, principalement les Masseter et les temporaux qui nous servent à mastiquer. Si nous réalisons ce geste toujours du même côté, naturellement les muscles de ce côté deviennent progressivement plus puissants que ceux du côté opposé. Nous créerons ainsi un déséquilibre de nos chaînes musculaires engendrant une torsion de notre schéma postural.
Le simple fait de manger, de serrer les dents (ce que nous faisons dix pour cent de notre temps entre la mastication et la déglutition) peut engendrer des schémas d’adaptation ou plutôt de désadaptation posturale.
Il est fondamental d’équilibrer nos capteurs. Dans le pire des cas, nous ne devons pas avoir plus d’un capteur perturbé si nous désirons pouvoir nous adapter et permettre à notre posture d’impacter de façon positive notre mental.
La posture est un des moyens les plus efficaces si l’on désire modifier l’état dans lequel nous sommes. Si notre physiologie et nos capteurs nous y autorisent, une des solutions qui permette de nous stimuler, de nous « booster », est de nous mettre dans une posture que l’on pourrait appeler « la posture du faire comme si… ».
Une action ne peut pas être « positive » si la posture n’est pas elle-même « positive ». Dès que nous adoptons une posture dynamisante, nous nous mettons quasi immédiatement dans un état similaire.
Il s’agit d’un des meilleurs leviers possibles pour celui ou celle qui désire gérer une situation difficile. Changez votre posture, mettez-vous dans l’attitude que vous auriez si vous aviez géré cette situation.
S’il est impossible d’éprouver une émotion sans que cela impacte notre posture, l’inverse est tout aussi vrai. Il est impossible physiologiquement de modifier sa posture sans que cela ait un effet sur nos émotions.
Alors, si vous souhaitez réellement impacter votre système émotionnel, si vous désirez avoir une vision différente de la Vie, si vous voulez co-créer votre devenir, prenez soin de vos capteurs … changez votre posture.